Gratte-fesses




L'ancien député socialiste, Wilfrid Bertil, se fâche tout rose dans son article paru dans le JIR, le 21 avril 2011, sous le titre "L'insulte faite aux Réunionnais" :

Nous n’accepterons jamais que des gens adoptent l’attitude d’un pays, d’une nation assistée […]. Sarkozy dit aux Réunionnais : pourquoi ne pouvez-vous pas faire comme les Mauriciens ? Pourquoi je dois vous donner autant de millions d’euros par mois ? Que s’est-il passé ? À La Réunion, ils ont de l’argent comme tombé du ciel, ils ne veulent faire aucun effort”. Telles sont, rapportées par la presse, les déclarations de M. Navin Ramgoolam, Premier ministre de Maurice, en date du 6 avril dernier. Traitant les Réunionnais d’assistés, elles sont, pour le moins, inamicales. Elles ne devraient pourtant pas obérer la coopération entre nos îles. Par contre, elles mettent gravement en cause le Président de la République Française, en lui prêtant des propos non démentis. Ceux-ci sont scandaleux et révoltants car ils touchent à l’essentiel. Ils devraient ouvrir les yeux des Réunionnais. Fiers de leur “modèle” économique, les Mauriciens jalousent parfois le développement de La Réunion lié à son appartenance à la France et à l’Europe. Ils se consolent en nous considérant comme des mineurs et des assistés. Ce n’est pas sympa. 

Consolons tout de suite Wilfrid Bertil : les propos du Premier Ministre de Maurice ne visent que les bénéficiaires du RMI et les mamans qui touchent l'arzen braguette, grâce à l'ardente activité d'un mari ambulant, libre seulement la nuit, une sorte d'oiseau nocturne; et celui-là n'est pas en voie de disparition. L'espèce a tendance à se développer le plus facilement du monde. Si un papa trop volage s'envole, un autre est tout prêt à rejoindre le nid laissé libre. Les propos judicieux venus de l'île soeur ne concernent pas les Réunionnais dans leur ensemble.


Si notre ex-député voulait vraiment se pencher sur le problème des gratte-fesses, il devrait constater que les faiseurs de lois ont tout fait pour donner de l'argent sans réelle  contre-partie.  En principe, comme l'indique  l'appellation RMI,  il y a insertion  au travail par le travail  et non simple insertion ...  à la buvette. En réalité le RMI coule à  flot dans cet endroit-là et il permet aussi, dans un coin de rue, de taper le domino avec un petit verre de rhum à portée de la main. On a rajeuni le panem et circenses des Romains. Ce sont donc nos faiseurs de lois qui insultent les assistés qu'on n'insère pas dignement par une petite activité qui serait si utile à la collectivité, une activité telle que la surveillance des abords d'un établissement scolaire, le nettoyage des plages après chaque week-end ou l'entretien des ravines. Voilà qui suffirait à redorer le blason des actuels gratte-fesses. Au contraire de cela, l'esprit de mai 68 agissant, les élus font de grands efforts pour ménager cette clientèle : il s'agit, dès lors qu'elle ne demande rien d'autre, de la laisser meubler son temps à sa fantaisie et, au besoin, de lui programmer un petit tour de l'île.

Quand tombe la petite manne, au début du mois, l'heureux bénéficiaire passe d'agréables heures à la buvette la plus proche et le tenancier récolte une bonne partie de la manne; et, pendant ce temps, la maman attend son homme, l'air peu rassuré : que va-t-il rester à la fin de la journée et pour elle et pour ses marmailles?

Notre Tropique du Capricorne fait grincer des dents ! 

Gérard Jeanneau
La Possession, le 21 avril 2011

   
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